Al-Quds Al-Arabi déplore l’attitude de Khartoum mais prend sa défense face au «grand complot» du Darfour
Qu’on ne s’y trompe pas. Al-Quds Al-Arabi n’a pas envie de se mettre à dos une partie de son lectorat. Dans son éditorial du 29 novembre 2007, le grand journal arabe publié à Londres réprouve l’attitude de Gillian Gibbons. Cette enseignante britannique de l’Unity High School de Khartoum, condamnée à quinze jours d’emprisonnement pour avoir autorisé que ses élèves affublent un ours en peluche du nom de Mohammed, a finalement été graciée le 3 décembre.
Al-Quds Al-Arabi ne se départit pas de « sa solidarité arabe ». S’il déplore l’attitude de Khartoum dans l’affaire de « l’ours prophète », c’est parce que le Soudan ne devrait pas se mettre dans cette situation au moment où il affronte le « grand complot » du Darfour.
Voici une traduction des passages les plus éloquents de cet éditorial :
« Le Soudan traverse une période difficile. Il est visé par un grand complot au Darfour (…) La sagesse impose la prudence pour tout comportement qui peut raviver les campagnes médiatiques orchestrées en Occident. C’est d’ailleurs en Grande-Bretagne qu’ont débuté les campagnes qui ont révélé au monde entier la situation déplorable du Darfour. Certes, l’enseignante anglaise est bien traitée par le gouvernement soudanais. Elle dispose d’une chambre confortable, elle peut rencontrer son avocat et accueillir le consul britannique… mais il aurait tout simplement été préférable de ne pas l’incarcérer et de la conscientiser quant aux répercussions dangereuses de son comportement si elle était amenée à le répéter. (…) Il fallait également vérifier la nature de ses intentions. Etaient-elles préméditées ou témoignaient-elles simplement d’une certaine naïveté, d’un ignorance et d’une absence de discernement ? (…) L’islam est une religion d’amour et de tolérance, pas une religion de sectarisme et de haine (…) Le gouvernement soudanais ne devrait pas jeter de l’huile sur le brasier ardent de l’incompréhension de l’islam et des musulmans. (…) La communauté émigrée musulmane éprouve peu de sympathie pour la position soudanaise. La majorité des dirigeants musulmans de Grande-Bretagne se sont empressés de condamner l’affaire et de demander la libération de l’enseignante. Notre journal se joint à ceux qui veulent que l’on tourne la page et qu’on libère l’enseignante. D’autant plus qu’elle s’est excusée (…) Mais il faut également oser dire que le gouvernement britannique et son ambassade à Khartoum sont responsables du manque de formation de leurs employés qui désirent travailler dans un pays islamique. Il devraient avoir un minimum de connaissances sur les attitudes qu’il convient d’adopter dans les matières religieuses et sociales sensibles (…) L’on pourra ainsi éviter ces comportements affligeants et inacceptables. »
Traduit de l’arabe par Pierre Coopman
L’article en arabe : Téléchargement affaire_de_lours_en_peluche.pdf
A voir également : le forum de discussion du site Juba Post (Sud Soudan) consacré à l’affaire du « teddy bear » : Juba Post discussion
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