Mise en ligne : novembre 2010
Dans le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse dans le le monde, tous les pays arabes arrivent dans la seconde moitié des 178 pays classés, mis à part le Liban qui est classé à la 78e place. Le Liban dépasse tout naturellement des pays tels que l’Arabie Saoudite, le Soudan, la Syrie et le Yémen, explique Abdul Rahman Al-Rachid, dans un éditorial du journal Ash-Sharq Al-Awsat, publié le 23 octobre 2010 (édition arabe).
Abdul Rahman Al-Rachid considère pourtant que le Liban, malgré des espaces de liberté bien plus vastes, ne mérite pas ce bon score et certainement pas de se retrouver loin devant des pays tels que le Maroc ou l’Irak : «Au Liban vous ne pouvez pas publier le moindre dessin humoristique concernant Hassan Nasrallah (le secrétaire général du Hezbollah) ou ses partisans; vous ne pouvez pas diffuser un film à propos de Jésus Christ si il déplait à l’Eglise et ce serait une folie de critiquer quoi que ce soit qui a trait à l’histoire de l’islam.»
Abdul Rahman Al-Rachid fait ensuite une allusion à la partition du Liban en deux camps bien distincts : pour bénéficier de la liberté de critiquer à volonté l’adversaire, il faut d’abord choisir son camp, à ce détail près que les partisans de l’alliance du 8 mars (réunissant entre autres le Hezbollah, le mouvement Amal et les supporters du général Aoun) auront une certaine marge de manœuvre pour critiquer leurs propres mentors, tandis que ceux qui sont rangés du côté de l’alliance du 14 mars (de Saad Hariri, Walid Joumblatt, etc.) «ne peuvent qu’accumuler les excuses».
Abdul Rahman Al-Rachid poursuit : « RSF ne tient pas compte du facteur de «la peur», mais se contente de comptabiliser le nombre d’articles censurés, de journaux saisis, de blogs bloqués et de reporters assassinés. L’Iraq compte un nombre impressionnant de journalistes tués, mais la liberté de la presse y est relativement meilleure qu’au Liban. En Irak, comme au Liban, vous pouvez critiquer le gouvernement, mais au Liban, vous devrez faire très attention si vous abordez la question des milices armées». Abdul Rahman Al-Rachid estime que le Maroc jouit d’une grande liberté de la presse malgré les quelques cas de censure de médias (cf. la récente affaire de fermeture des bureaux de Al-Jazeera au Maroc). Il pense que la situation n’est pas trop mauvaise en Egypte, ne fut ce que parce qu’il est devenu très contreproductif pour les autorités de s’attaquer aux journalistes. Il croit, à cet égard, qu’il est absurde, de la part de RSF, de classer les pays du Golfe bien loin devant l’Egypte. A l’exception du Koweït, qui, selon Abdul Rahman Al-Rachid, jouit d’une liberté de la presse bien supérieure au reste des pays arabes.
Mais comme au Liban, le Koweit bannit les textes qui ne respectent pas les composantes les plus extrémistes de la société koweitienne, simplement pour apaiser celles-ci. Le Koweit censure journaux, télévisions, sites internet et dépouille les dissidents de leur nationalité. « Dans le classement de RSF, le Koweit arrive après le Panama et la Serbie, mais devance de loin la plupart des pays arabes, sauf le Liban », conclut Abdul Rahman Al-Rachid.
A lire également, sur Nowlebanon.com, un cas de censure, au Liban, concernant l’interdiction de prononcer le nom de Hassan Nasrallah dans un sketch télévisuel: Hush if it's about Nasrallah ?
L'article d'Abdul Rahman Al-Rachid en arabe : Téléchargement AshSharqarabe
Le même article en anglais : Téléchargement AshSharqanglais
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